La fibre optique a bien des usages et pourrait aider à mieux comprendre les cétacés peuplant nos océans.
Explorer les fonds marins grâce aux réseaux fibres. Telle est l’idée d’une équipe internationale de recherche pour faciliter l’observation des baleines. “Il est courant de disposer des fibres de réserve dans les faisceaux de câbles de télécommunication afin de minimiser le coût d’installation” expliquent-ils, comptant bien faire bon usage de cette habitude.
Si plusieurs moyens existent pour observer ces animaux comme l’observation sur des bateaux en pleine mer qui nécessite cependant que les baleines soient plus ou moins en surface ou la suivi par balise satellite, les chercheurs veulent, à travers cette technique réaliser une écoute passive. Et ce sont justement ces câbles de fibre optique, notamment les fibres n’ayant pas été activées (fibre noire), qui peuvent devenir un dispositif d’écoute.
Cette technique, nommée le DAS pour Distributed Acoustic Sensing (Détection Acoustique Distribuée), utilise un outil pour transformer les fibres optiques non-utilisées en un réseau d’hydrophones. “Un micro est constitué d’une membrane qui bouge avec la pression de la voix. Ensuite, cette donnée physique est transformée en donnée électronique, explique Léa Bouffaut, membre de l’équipe de recherche. La fibre optique représente la membrane qui va bouger avec la pression acoustique. Ensuite un élément nommé ‘interrogateur’ transforme le signal mécanique en signal numérique, reproduisant ainsi le fonctionnement d’un micro“.
Ainsi, lorsqu’une baleine effectue une vocalise, elle diffuse une pression sur la fibre optique et sur des impuretés minuscules autour de cette dernière, la déformant et permettant à cet outil de détecter l’emplacement de l’animal. “Une somme d’impuretés va correspondre à un hydrophone virtuel“, explique la chercheuse. Après avoir d’ores et déjà utilisé 120 km de câble appartenant à la Norvège, cette équipe a pu utiliser la fibre noire pour observer des baleines bleues et réunissant ainsi 250 téraoctets de données sur 40 jours. Une inconnue demeure cependant : la possibilité d’utiliser des câbles détenus par des sociétés privées pour ce genre de recherche. Si Léa Bouffaut reconnaît que cela présente peu d’intérêt pour ces acteurs et que l’utilisation de la fibre serait difficile, elle ajoute : “Pour l’instant, j’ai l’impression que l’idée de collaborations entre scientifiques et sociétés privées dans ce domaine va dans le bon sens“.
Source : Sciences et Avenir